Bonjour à tous, et désolé pour le manque de nouvelles! Je dois dire que le temps me manque...
En ce fond de grève et insurrection en France, je voulais parler de la politique en Russie. Mais avant, quelques nouvelles du front:
Tomsk, 22 mars 2009: le printemps russe est arrivé, il fait beau. Beau, oui, mais pas chaud. Les températures oscillent entre des -4°C, très agréable, et qui fait fondre la neige; et des -17°C qui refroidissent, le matin, quand il faut aller en cours.
Les russes ont un proverbe populaire sur le printemps:
Весна показаеткто где срал.
Ce qui, en français, donnerait un truc dans le genre "Le printemps montre qui a chié, et où". Le principe est assez simple:
Printemps = température qui grimpe
température qui grimpe = neige qui fond
neige qui fond = déchets que remontent à la surface
Et donc, en l'espace de quelques jours, la neige a revêtu une couleur plus ou moins grise par endroits, complètement noire à d'autres. Les bouteilles vides, paquets de clope, sacs plastique, bref, tout ce qui a été balancé en hiver, humblement recouvert par une coucher de neige, refait subitement surface.
C'est pourquoi le printemps n'est pas la saison russe la plus jolie. Ajouter à ça la boue ambiante, les rues pleines d'eau tout le temps... il y a mieux. D'un autre côté, il fait un temps magnifique, et les températures sont quand même (beaucoup) plus agréables que précédemment! Après les -40 de l'hiver, ce -4°C apparaît comme un soulagement.
Tout d'abord, il faut savoir qu'à l'occasion de ces élections, le peuple russe a massivement élu les candidats du parti de Poutine, Russie Unie. En général, les élections ne duraient d'ailleurs qu'un tour.
Mais, il se trouve que dans la contrée reculée de Tomsk, les choses se sont déroulées un peu différemment. Le condidat de Russie Unie, Nicolay Nicolaytchouk (oui c'est un nom qui peut prêter à sourire, il n'a pas de chance ce pauvre garçon), n'a pas été élu au premier tour, ne remportant "que" 40% des voix.
Pourquoi? Est-on en droit de se demander. Et bien, j'ai demandé, autour de moi, qui était ce cher Nicolaytchouk, et il se trouve qu'il est très impopulaire, parce qu'il a déjà magouillé avec la mairie, et qu'il a failli finir en prison pour extorsion de fonds... Ce qui explique, bien sûr, son mauvais score au premier tour (40% est vraiment un mauvais score pour Russie Unie, qui, sur une moyenne de 60%, atteint des 90% dans certaines villes au premier tour).
le petit Nikolaytchouk, un vrai méchant? Habiterais-je l'une des seules villes russes non gouvernées par le parti ultime? Sur fond de suspense, le deuxième tour a été organisé, et a eu lieu le 15 mars.
Entretemps, les deux candidats en lice, à savoir ce brave Nicolaytchouk et un dénommé Deev (qui ne fait parti d'aucun parti, mais que je suppose de gauche à la couleur de sa cravate), se sont littéralement battus à grands coups de campagnes publicitaires, d'affiches dans toute la ville, de distribution de "journaux", de tracts, de tout ce qui peut faire pencher la balance, d'un côté ou d'un autre.
Et, globalement, la campagne ne volait pas bien haut. Entre ce cher Nicolaytchouk qui n'a rien trouvé de mieux que "Tous pour nicolaytchouk, nicolaytchouk pour tous" (décidément j'aime bien écrire ce nom, nicolaytchouk), et l'autre, Deev, qui lui a mené une campagne aux phrases choc d'une subtilité redoutable, telle que "Travail... ou scandale?", pas moyen de savoir exactement ce que pensait l'un ou l'autre des candidats. A force de s'affronter, ils en avaient oublier de dire ce qu'eux voulaient faire de bien.
Campagne pour Deev... c'est écrit "Travail... ou discussions" sur celle de droite, "Décisions... ou inculpations" sur celle de gauche

Enfin, vint ce fameux 2eme tour... qui propulsa ce bon vieux Nicolaytchouk maire de Tomsk, avec 50,6% des voix. Là encore, ça ne vole pas bien haut, la victoire est serrée, et la défaite amère du côté de Deev...
Après, il y a quelques affaires fort glauques dans le reste de la russie... Un journal parle d'une journaliste mystérieusement disparue, d'un candidat, pourtant populaire, qui démissionne au dernier moment, mais chut! il ne faut pas en parler.

Pour revenir à la manifestation française, sachez que les russes sont bouche bée devant de tels rassemblements. Pourquoi? Tout simplement, parce qu'en russie le droit à la manifestation n'est pas encore tout à fait au point. Simple: pour faire une manifestation, il faut d'abord... demander l'autorisation au gouvernement. Autorisation qu'il peut donner, ou pas donner, ou oublier de donner, selon son bon vouloir. Les manifestations non autorisées sont sévèrement punies par la loi.
Dans la série "propagande". En dessous de tous ces couples heureux de vivre, c'est écrit "Nous avons choisi une vie sans drogue"

Deux exemples de manifestations russes, qui se sont déroulées à Vladivostok:
La première en février. Pas d'autorisation. Plusieurs centaines de personnes arrêtées.
Les mouvements d'opposition russes ne peuvent pas organiser des rassemblements ou des marches sans autorisation préalable. Les demandes présentées dans ce but par des groupes comme L'Autre Russie de l'ancien champion d'échecs Garry Kasparov sont fréquemment rejetées.
L'express, 27 février
La seconde plus récemment, le 15 mars, avec autorisation cette fois. Taille de la manifestation: 1000 personnes.
Les manifestations antigouvernementales sont devenues rares au cours des présidences successives de Vladimir Poutine et de Dmitri Medvedev, notamment en raison du durcissement de la législation à l'encontre des organisateurs de telles actions.
Romandie.com, 15 mars
Alors amis Français, profitez-en! En cas de manif, pour peu que vous soyez un peu d'accord avec les organisateurs, même si vous avez piscine, même si votre ticket Carrefour de 3€ sera périmé le lendemain, même si ils passent la rediff complète de la denière saison de Star Academy à la télé, prenez un écriteau, marquez dessus ce que vous pensez, préparez-vous pour une petite marche fort sympathique, et fort utile, et utilisez ce moyen d'expression, qui n'est finalement pas donné à tout le monde!