samedi 8 mai 2010

Changement d'adresse

Bonjour!

Cela fait un petit moment maintenant que je n'avais plus rien écrit sur ce blog... Le voyage en russie est terminé, ce blog n'a donc plus lieu d'être!
Un voyage se termine, un autre commence... Cette fois-ci, je pars à la découverte de l'asie (Thailande, Cambodge, Vietnam, Chine,...)

Pour l'occasion, un nouveau site a vu le jour: Alorsonpart.com
Vous trouverez tous les articles de ce blog, plus les articles de Thaïlande, et les carnets de voyage...

N'hésitez pas à donner vos commentaires sur ce nouveau site!

Johan

mercredi 11 mars 2009

Russie, politique (et propagande)

Bonjour à tous, et désolé pour le manque de nouvelles! Je dois dire que le temps me manque...
En ce fond de grève et insurrection en France, je voulais parler de la politique en Russie. Mais avant, quelques nouvelles du front:
Tomsk, 22 mars 2009: le printemps russe est arrivé, il fait beau. Beau, oui, mais pas chaud. Les températures oscillent entre des -4°C, très agréable, et qui fait fondre la neige; et des -17°C qui refroidissent, le matin, quand il faut aller en cours.
Les russes ont un proverbe populaire sur le printemps:
Весна показает
кто где срал.
Ce qui, en français, donnerait un truc dans le genre "Le printemps montre qui a chié, et où". Le principe est assez simple:
Printemps = température qui grimpe
température qui grimpe = neige qui fond
neige qui fond = déchets que remontent à la surface

Et donc, en l'espace de quelques jours, la neige a revêtu une couleur plus ou moins grise par endroits, complètement noire à d'autres. Les bouteilles vides, paquets de clope, sacs plastique, bref, tout ce qui a été balancé en hiver, humblement recouvert par une coucher de neige, refait subitement surface.
C'est pourquoi le printemps n'est pas la saison russe la plus jolie. Ajouter à ça la boue ambiante, les rues pleines d'eau tout le temps... il y a mieux. D'un autre côté, il fait un temps magnifique, et les températures sont quand même (beaucoup) plus agréables que précédemment! Après les -40 de l'hiver, ce -4°C apparaît comme un soulagement.


Joli paysage industriel. Tomsk.


Bon, maintenant, politique! L'évènement qui bouleverse Tomsk, en ce moment, c'est bien sûr les élections municipales. Et c'est, pour moi, l'occasion rêvée de voir un peu comment ça marche, ces élections; de demander aux russes ce qu'ils en pensent! Et je suis allé de surprise en surprise!
Tout d'abord, il faut savoir qu'à l'occasion de ces élections, le peuple russe a massivement élu les candidats du parti de Poutine, Russie Unie. En général, les élections ne duraient d'ailleurs qu'un tour.
Mais, il se trouve que dans la contrée reculée de Tomsk, les choses se sont déroulées un peu différemment. Le condidat de Russie Unie, Nicolay Nicolaytchouk (oui c'est un nom qui peut prêter à sourire, il n'a pas de chance ce pauvre garçon), n'a pas été élu au premier tour, ne remportant "que" 40% des voix.


Les 5 candidats au premier tour: le petit Nicolay au milieu à droite; Deev en haut à gauche


Pourquoi? Est-on en droit de se demander. Et bien, j'ai demandé, autour de moi, qui était ce cher Nicolaytchouk, et il se trouve qu'il est très impopulaire, parce qu'il a déjà magouillé avec la mairie, et qu'il a failli finir en prison pour extorsion de fonds... Ce qui explique, bien sûr, son mauvais score au premier tour (40% est vraiment un mauvais score pour Russie Unie, qui, sur une moyenne de 60%, atteint des 90% dans certaines villes au premier tour).

le petit Nikolaytchouk, un vrai méchant? Habiterais-je l'une des seules villes russes non gouvernées par le parti ultime? Sur fond de suspense, le deuxième tour a été organisé, et a eu lieu le 15 mars.
Entretemps, les deux candidats en lice, à savoir ce brave Nicolaytchouk et un dénommé Deev (qui ne fait parti d'aucun parti, mais que je suppose de gauche à la couleur de sa cravate), se sont littéralement battus à grands coups de campagnes publicitaires, d'affiches dans toute la ville, de distribution de "journaux", de tracts, de tout ce qui peut faire pencher la balance, d'un côté ou d'un autre.
Et, globalement, la campagne ne volait pas bien haut. Entre ce cher Nicolaytchouk qui n'a rien trouvé de mieux que "Tous pour nicolaytchouk, nicolaytchouk pour tous" (décidément j'aime bien écrire ce nom, nicolaytchouk), et l'autre, Deev, qui lui a mené une campagne aux phrases choc d'une subtilité redoutable, telle que "Travail... ou scandale?", pas moyen de savoir exactement ce que pensait l'un ou l'autre des candidats. A force de s'affronter, ils en avaient oublier de dire ce qu'eux voulaient faire de bien.


Campagne pour Deev... c'est écrit "Travail... ou discussions" sur celle de droite, "Décisions... ou inculpations" sur celle de gauche


Enfin, vint ce fameux 2eme tour... qui propulsa ce bon vieux Nicolaytchouk maire de Tomsk, avec 50,6% des voix. Là encore, ça ne vole pas bien haut, la victoire est serrée, et la défaite amère du côté de Deev...

Après, il y a quelques affaires fort glauques dans le reste de la russie... Un journal parle d'une journaliste mystérieusement disparue, d'un candidat, pourtant populaire, qui démissionne au dernier moment, mais chut! il ne faut pas en parler.


Après la campagne électorale, la propagande russe. Ou comment embrigader les jeunes dans l'armée. "TU protèges le pays, le pays prend soin de toi"


Pour revenir à la manifestation française, sachez que les russes sont bouche bée devant de tels rassemblements. Pourquoi? Tout simplement, parce qu'en russie le droit à la manifestation n'est pas encore tout à fait au point. Simple: pour faire une manifestation, il faut d'abord... demander l'autorisation au gouvernement. Autorisation qu'il peut donner, ou pas donner, ou oublier de donner, selon son bon vouloir. Les manifestations non autorisées sont sévèrement punies par la loi.


Dans la série "propagande". En dessous de tous ces couples heureux de vivre, c'est écrit "Nous avons choisi une vie sans drogue"


Deux exemples de manifestations russes, qui se sont déroulées à Vladivostok:

La première en février. Pas d'autorisation. Plusieurs centaines de personnes arrêtées.

Les mouvements d'opposition russes ne peuvent pas organiser des rassemblements ou des marches sans autorisation préalable. Les demandes présentées dans ce but par des groupes comme L'Autre Russie de l'ancien champion d'échecs Garry Kasparov sont fréquemment rejetées.

L'express, 27 février
La seconde plus récemment, le 15 mars, avec autorisation cette fois. Taille de la manifestation: 1000 personnes.

Les manifestations antigouvernementales sont devenues rares au cours des présidences successives de Vladimir Poutine et de Dmitri Medvedev, notamment en raison du durcissement de la législation à l'encontre des organisateurs de telles actions.
Romandie.com, 15 mars

Alors amis Français, profitez-en! En cas de manif, pour peu que vous soyez un peu d'accord avec les organisateurs, même si vous avez piscine, même si votre ticket Carrefour de 3€ sera périmé le lendemain, même si ils passent la rediff complète de la denière saison de Star Academy à la télé, prenez un écriteau, marquez dessus ce que vous pensez, préparez-vous pour une petite marche fort sympathique, et fort utile, et utilisez ce moyen d'expression, qui n'est finalement pas donné à tout le monde!

dimanche 1 mars 2009

Масленица! La fête du beurre!

Et nous voici, aujourd'hui 1er Mars, au premier jour du printemps! Du moins, au premier jour du printemps russe. Et oui, l'hiver est parti, et ça se sent: à Tomsk, le temps est au beau fixe. Et les températures sont de plus en plus clémentes: on oscille entre -10° et -15°. Et ça fait vraiment plaisir, un peu de chaud comme ça :-).


La babouchka (grand-mère) russe, en costume traditionnel... Remarquez l'incroyable alliance des traditions russes, et de la technologie culinaire de pointe: Utilisation d'un multi-crêpes Téfal!


Pour les Russes, le printemps se fête. Normal, après 4 mois de neige, de -40°, de vent, de neige, de brouillard, de neige, j'en passe et des meilleures. Cette fête, c'est la Масленица (Masslenitsa), traduisez littéralement: Fête du beurre. La fête a commencé il y a une semaine, et se termine aujourd'hui. La grande coqueluche de la fête du beurre, c'est la crêpe russe, le blin. Le principe se révèle en fait assez simple: tous les jours, il faut manger des blinis. Hé oui, la crêpe, ronde et dorée, représente le soleil. On rajoute plein de sucre et de beurre parce que... hé bien parce que c'est la fête, et donc on a le droit, et on mange!


Servez-vous, aujourd'hui c'est gratuit!


Alors ça, c'est la théorie (relativement simple). Car, en pratique, cette fête est régie par des règles ultra-précises et bien compliquées, que ma prof de russe a bien essayé, sans succès, de m'expliquer. Des trucs du genre "Le lundi soir, les belles-mères invitent leur beau-fils à manger des blinis chez elles", "Le mardi midi, le petit cousin par alliance va manger des blinis chez le frère du mari". Bref, c'est un poil tordu, mais pour résumer, à peu près tout le monde invite à peu près tout le monde à manger des blinis chez lui.


Toujours dans le domaine "Traditions modernes", costumes typiques et four micro-ondes.


Alors pour nous, estrangers, qui n'avons pas énormément de famille dans le coin, on s'est fait des blinis à peu près tous les jours aussi, mais chaque jour d'un pays différent: Rép. Tchèque, Canada, France, Russie, etc, etc...

Et puis, vient enfin l'apothéose. Hier, samedi, a eu lieu la grande fête de "clôture" de la maslinitsa:


Voici enfin le fameux Samovar russe, permettant de garder l'eau bien chaude au feu de bois, en action! Que coule le thé!


L'hiver est représenté par la "Dame Maslinitsa", une figure en paille. Elle est plantée en haut d'un monticule de neige, et surplombe toute la fête. Et les festivités commencent:

- Mât de cocagne: un mât qui doit faire 10 mètres de haut. Pour arriver à monter, les russes (faut-il préciser qu'ils sont complètement fous), se mettent en caleçon et, je ne sais pas si c'est pour se la péter, ou pour que ça glisse moins, s'enduisent de neige. Rappel: il fait -10°C, il y a un peu de vent, et de la neige partout! Je veux bien que le printemps soit revenu, tout ça tout ça, mais il y a des limites quand même!
Allez hop! trop facile!

Soutchol s'est essayé au mât de cocagne, mais le pauvre n'est pas monté bien haut... Belle tentative quand même!


- Combat de sacs de toile: objectif: monter sur un tronc d'arbre à l'horizontale, à environ 1 mètre de haut, puis essayer d'en déloger l'adversaire à grands coups de sacs, tout en ne tombant pas soi-même... tout un programme!
Remarquez en arrière-plan un autre inconscient qui se réveillera demain avec une belle angine!


- Luttes diverses: des je-te-tiens pas-la-ceinture-et-j'essaie-de-te-faire-tomber aux le-premier-qui-chope-le-bonnet-de-l'autre-a-gagné, c'est joyeux, jovial, énergique... que du bonheur!
Devant la violence excessive exprimée dans les luttes, et afin d'éviter de heurter les âmes les plus sensibles, les photos de lutte sont remplacées par cette photo d'une chèvre et d'un accordéoniste...


- Danses traditionnelles: tout le monde se tient par la main, on court dans un sens..... hop! on court dans l'autre sens... hop! tout le monde court vers le centre! tumultes et rebondissements, pour des heures d'amusement en perspective!
Allez allez, tout le monde danse!


- Un grand moment d'incompréhension. Des fois, je dois bien dire que j'ai du mal à comprendre ce qui se passe. Mais alors là, quelle ne fut pas ma surprise lorsque les animateurs sur la scène se mirent à se fouetter à grand coups de branches (laurier? sapin? sauge?) et d'eau chaude!!! Et, emportés dans leur élan, envoyant des grands seaux d'eau chaude sur la public, y a pas de raisons, tout le monde participe! ....Le choc des cultures...
????


- Enfin, le grand final: une dizaine de personnes essaye de défendre la Dame maslinitsa, toujours perchée sur sa colline, tandis que tous les autres grimpent pour l'attraper. Au final, le public gagne, et le symbole de l'hiver est brûlé dans un grand feu de joie.
Là encore, il y avait une sorte de scénario que je n'ai pas compris, pisque la dame déguisée pleurait la Dame Maslinitsa, et elle essayait de se rapprocher du feu tandis que les deux hommes l'en empêchaient.


Bref, ce fut une fête bien sympathique, qui sentait bon le pâté, le foin et la campagne. Étonnant, quand on y pense, pour une ville de 500.000 habitants, mais bon.

Et puis, pour finir cette semaine bien remplie de crêpes, aujourd'hui est le "dimanche du pardon". Il convient donc de s'excuser auprès de tous ses amis, pour tout ce que l'on a pu faire... Effacer l'ardoise, en quelque sorte! Ce message s'adresse donc à tous: excusez-moi pour tout ce que j'ai pu faire! Et c'est sur cette magnifique conclusion que je vous laisse. A bientôt!